Association Les Matins Bleus
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Projet Educatif - Le projet Empty Projet Educatif - Le projet

Ven 6 Sep - 15:28
LE PROJET EDUCATIF

Tout être humain a sans doute besoin d’avoir de l’importance,
c’est-à-dire d’occuper une place dans le monde de quelqu’un d’autre,
c’est bien là toute la question … R. D. Laing (soi et les autres, Dunod 1976).

LES PRINCIPES

Les valeurs de l’association dont chacun est porteur, sont tournées vers la mission éducative. La visée éducative consisterait à assurer à chaque enfant, à chaque adolescent, de devenir des individus autonomes, responsables à part entière, ouverts à l’altérité, à la reconnaissance du semblable et au respect de celui-ci dans sa différence.
La prise en compte du Sujet dans sa complexité est fondamentale.
Une attention est portée à la dimension psychique des difficultés du jeune accueilli, à sa souffrance, en lien avec son histoire familiale et sociale.
L’équipe éducative, pensée comme support de la relation, va permettre au jeune de vivre au quotidien avec des règles et des repères stables, de faire l’expérience d’une relation fiable et d’une structure solide.

DYNAMIQUE REFLEXIVE ET APPUIS THEORIQUES

L’institution Matins Bleus n’a pas de position théorique préétablie ou dominante, mais invite les professionnels à une réflexion permanente autour de la protection de l’enfance et de l’éducation. Ce travail dynamique de la pensée dimensionne l’approche clinique des situations, permet des réaménagements du positionnement éducatif, renouvelle un questionnement autour de la séparation et du placement.
Au fil du temps, ces mouvements réflexifs induisent des transformations institutionnelles : recherche permanente pour mieux associer les familles, contenir les débordements des jeunes accueillis, activer des dispositifs de paroles, d’écoute et de réflexions thématiques.
- Une certaine conception de l’être humain influe sur les attitudes éducatives.
Il est souhaitable de sortir du fantasme de l’enfant pur et sans pulsion : l’enfant dans ses relations à l’autre est soumis à ses propres pulsions internes.
La pulsion agressive est nécessaire à la vie et au développement psychique, c’est une potentialité que chacun porte en soi dès le plus jeune âge et que l’éducation apprend à pacifier afin de permettre à chacun de vivre avec les autres.
Le petit enfant se construit psychiquement à travers la relation d’attachement qu’il établit avec les adultes qui s’occupent de lui : parents ou professionnels (adultes relais ou suppléants).
Une clinique éducative s’est constituée au contact de la souffrance d’enfants et d’adolescents concernés par des carences affectives, éducatives, et de soins, par l’émergence de symptômes affectant le corps ou le psychisme et par des mécanismes de répétition difficiles à endiguer.
Une élaboration en équipe pluridisciplinaire se pense en référence à des notions issues de courants théoriques différents.
Les équipes éducatives n’ont pas pour unique référence la théorie psychanalytique dont le postulat est de reconnaitre les effets de l’inconscient, le manque et les bénéfices secondaires du symptôme. Cependant elles peuvent en utiliser les outils conceptuels pour une compréhension des processus de maturation et de structuration du psychisme : la dimension pulsionnelle, symbiose et processus de différenciation (soi, non-soi, séparation – individualisation) intériorisation d’une figure d’attachement, pare-excitation, sécurit de base, assises narcissiques de la personnalité, mécanisme d’identification projective.

La pédagogie non punitive

La relation éducative aux Matins Bleus s’inscrit dans une culture institutionnelle de bientraitance et de solidité du cadre et de ténacité.
Le cadre éducatif de la M.E.C.S se réfère préférentiellement aux idées fortes de la pédagogie non punitive, à savoir que l’usage de la punition et les menaces de renvoi sont peu efficientes et rarement adaptées. Le sujet est considéré comme responsable ; Les jeunes ne sont pas dédouanés de leur part de responsabilité quand ils font effraction au cadre.
Les pratiques non punitives, non violentes, apaisantes et contenantes exigent de la part des professionnels, la recherche permanente de réponses ajustées envers les jeunes accueillants. Du côté des jeunes, ces positionnements leur permettent des éprouvés nouveaux dans leur relation aux adultes.

L’autorité

L’établissement tient compte des mutations sociétales qui ont transformé l’ordre institutionnel, social, culturel, économique et politique, et de leurs incidences sur les modes d’interaction intergénérationnelle.
En ce sens, le cadre éducatif des Matins Bleus ne peut plus s’étayer sur les anciens principes d’autorité basés sur la domination de l’adulte sur l’enfant (modèle du pater familiaris), sur le sentiment de culpabilité de l’enfant, ou sur le recours à la force physique ou encore les châtiments corporels.
Aujourd’hui, la relation d’autorité n’est donc plus sur le mode de la soumission automatique du jeune vis à vis de l’adulte : “fais ce que je te dis”.
Il ne s’agit donc pas de tout autoriser, de laisser s’exprimer sans retenir le pulsionnel de l’enfant, mais tout au contraire de l’aider à pouvoir le border, le limiter en faisant référence aux interdits fondamentaux qui structurent notre humanité (non négociables), aux lois qui structurent notre société, dans un processus politique d’accès à la citoyenneté) et aux règles qui fondent la vie quotidienne en collectif ou en famille d’accueil (négociables selon les cas).
L’adulte se doit donc de repenser sa position d’autorité. L’éducateur est porteur du cadre institutionnel des Matins Bleus : projet pédagogique et positionnement de l’équipe élargie. C’est à partir de cet étayage-là, qu’il fait autorité auprès des jeunes accueillis.
Nous avons une réflexion permanente sur les jeunes qui n’ont pas intégré la limite ou sont dans des transgressions destructrices du cadre, pour trouver ce qui va faire arrêt ou butée au débordement pulsionnel.
Chaque effraction du cadre peut amener l’équipe à penser la sanction la plus ajustée pour inscrire le jeune dans un processus de réparation et d’intériorisation des limites.
- L’apport de Winnicott est essentiel dans la pratique quotidienne.
Notion de holding, handling, presenting objet, mère suffisamment bonne, aire transitionnelle, capacité d’être seul ou en présence de l’autre … Sa conceptualisation retrace l’essentiel de cette relation première, contenante entre un adulte et un enfant ″de l’adaptation parfaite au désillusionnement″ qui conditionne le sentiment continu d’exister. Elle met en évidence qu’un petit être ne peut avoir un fonctionnement psychique, une vie affective sans l’appui de quelqu’un à qui on donne symboliquement le nom de mère.
Sa conceptualisation se pense en terme de fonction contenante : le bébé et une mère suffisamment bonne, notion de holding-handling (façon de manier le corps du bébé, de le soigner) - presenting objet (manière dont la mère présente l’objet, la réalité).
“La préoccupation maternelle primaire” qui conditionne le sentiment continu d’exister et le début de structuration du moi. Son intériorisation permet à l’enfant d’être sécurisé en son absence :
- L’appareil psychique maternel joue un rôle de contenant : référence à BION, la fonction appareil à pacifier les projections de l’enfant, à les transformer, les charger de sens grâce à l’attitude bienveillante de l’adulte ; Cela permet à l’enfant de transformer ses expériences en pensées.
- L’importance de cette intériorisation des soins, de leur enveloppe (apport de Bowlby) met l’accent sur l’impact des carences précoces chez le nourrisson, des conséquences dramatiques pour le développement de l’enfant : M. David, M. Berger, la pathologie du lien.

La théorie de l’attachement

D’une part, elle postule que les expériences précoces avec les parents fournissent les prototypes pour toutes les interrelations ultérieures. Elle est un guide pour comprendre et approfondir la dynamique psychique des enfants accueillis en collectivité ou en familles d’accueil, à partir des modèles d’attachement sécure, insécure, désorganisé, dans les situations où les parents n’ont pas pu jouer leur rôle de pare-excitation et de contenant face aux élans relationnels et débordements des jeunes enfants.
D’autre part elle a montré que les enfants peuvent développer simultanément de multiples attachements, relations qui se tissent au cours des soins apportés par les adultes. Ainsi les professionnels des équipes éducatives, les assistants familiaux peuvent constituer pour les enfants accueillis, de nouvelles figures d’attachement, grâce au cadre proposé (sécurité, stabilité, cohérence) et répondant à leurs besoins affectifs, sans pour autant exclure le maintien des liens parents/enfants.
L’établissement de nouvelles relations d’attachement exige disponibilité et implication de la part des professionnels.

Séparation et temps du placement
La séparation est une expérience fondamentale et fondamentalement organisatrice puisque le développement de l’enfant est en soit un processus de séparation pour qu’advienne différenciation et autonomisation du sujet.
″La séparation n’est pas une rupture, un sujet ne peut se séparer que s’il a suffisamment de présence de l’autre en lui, et une présence satisfaisante″. R. Roussillon
Le placement, pour la population d’enfants et d’adolescents que nous accueillons, intervient en terme de protection et réactive de façon sous-jacente, des affects autour de la séparation : rupture du lien à l’autre, les ratés du processus attachement-détachement.
″Etre séparé″ n’empêche pas la représentation du lien de perdurer autant pour les enfants que pour les parents, et dans certaines conditions, permet de retravailler le lien d’attachement.
S’individuer sans rompre, suppose une modification progressive des liens familiaux ou institutionnels, de même que la transformation d’angoisses vitales d’abandon, de mort, ou d’effondrement en angoisses plus modérées liées à la solitude et à la finitude de soi.
Pistes de réflexion : attention à la confusion entre séparation réelle objective et séparation psychique : une distance physique ne suffit pas à produire la symbolisation nécessaire à tout travail de séparation et d’individuation.
Axes de travail pendant le temps du placement (apport de Paul Fustier)
- Articuler tout acte de placement avec la dynamique psychique de la famille
- Placer au centre des dispositifs le lien psychique qui unit l’enfant et ses parents dans ses dysfonctionnements en vue d’en soutenir la transformation
- Articuler la nécessité de séparation éducative avec la nécessaire conservation pour tous d’une appartenance vitale aux liens généalogiques familiaux.
Soutenir l’idée que ce que vivent les acteurs du placement possède un sens potentiel de transformation et un sens potentiel d’enrayement des répétitions pathologiques.

Courant de la systémie

Cette approche conceptuelle et pragmatique constitue un apport complémentaire pour considérer chaque enfant en fonction de son histoire, de son environnement et de sa famille. En effet, dans la prise en charge des jeunes, il est important de pouvoir articuler des registres conceptuels différents :
- Le registre de l’intra-psychique formalisé à partir des travaux freudiens notamment avec l’appareil psychique.
- Et le registre de la groupalité familiale qui se réfère à l’ensemble des liens générationnels dans lequel l’enfant va prendre sa place de sujet d’un ensemble familial.
A ce titre, l’enfant est pris dans un système d’alliances inconscientes qui le précède et le fonde dans son identité de sujet. L’identité de l’enfant est inséparable de ses liens d’appartenance psychique.

Clinique institutionnelle

En référence à Kaes, l’institution peut être considérée comme un appareil psychique groupal dont les différentes fonctions sont :
- La liaison : c’est-à-dire assurer la continuité à l’intérieur du sujet/entre les sujets
- La transmission : elle permet la continuité entre les membres et les générations dans la famille, et la succession entre les professionnels de l’institution
- La transformation : dans le sens de la fonction alpha selon Bion. Il va s’agir de la capacité d’un sujet ou d’un groupe de se contenir dans des situations difficiles sans chercher à agresser ou à déstabiliser son interlocuteur.
Cette possibilité de transformer dépend de la capacité du professionnel à renvoyer des réponses plus adoucies, réfléchies, mais aussi de la capacité de l’équipe, à soutenir chez le
professionnel, une compréhension et une prise d’écart par rapport à ce qu’il a vécu de violence et d’impuissance.
La séparation : approche du concept de séparation : se séparer/pouvoir donner naissance : toute séparation vient réactiver les affects qui ont accompagné les précédentes. L’enfant peut reproduire le modèle relationnel qu’il a connu ; La séparation est une expérience fondamentale et fondamentalement organisatrice puisque le développement de l’enfant est en soi un processus de séparation.

La fonction tierce de l’institution

Dans la théorie analytique le Père est une fonction séparatrice nécessaire entre la mère et son enfant, modifiant le lien qui les unit : être référé à un autre que la mère comme ouverture sur l’altérité.
Par sa décision de placement, le juge représente la Loi sociale. Il vient libérer l’enfant de la responsabilité, en lui rendant sa place d’enfant quand ses parents ne parviennent pas à la lui donner. Cela permet à chacun d’être à sa place et à la sienne seulement.
L’institution s’attache à un certain nombre de règles, se posant comme référence tierce pour les parents, les enfants et travaille à la reconnaissance de la place de l’autre.
L’éducateur, comme l’institution ne doivent pas être identifiés à la loi, mais en être porteurs, les porte-paroles.
Dans la plupart des familles que nous accompagnons, le tiers séparateur n’a pas pu prendre forme. (cf. Paul Fustier).
Quand les parents sont d’accord pour qu’il y ait une instance entre eux et leur enfant, ils font fonctionner le tiers.

LA DYNAMIQUE PARTICIPATIVE

La dynamisation des personnes et le développement des compétences tiennent autant au fait d’agir directement auprès des salariés, que de miser sur la compétence collective et la capacité d’une équipe à avoir une fonction d’élaboration culturelle, d’enrichissement des savoirs et des compétences, de régulation des comportements et plus largement, de contribuer à la diffusion d’une culture partagée qui donne sens à l’action, qui accroît la motivation et l’engagement de chacun dans l’organisation.
Il s’agit pour nous d’accompagner une dynamique de groupe qui donne sens, qui oriente les conduites et qui peut avoir un rôle de régulation interne.
Nous misons également sur les pluralités culturelles, générationnelles, de qualification et de compétences pour faire vivre des espaces créatifs de réflexions collectives singulières.
Cette dynamique recherchée s’appuie sur la notion de management participatif par projet.
La notion de projet ou d’action, réfléchie collectivement, introduit une dimension concrète, palpable, qui permet de vérifier que la démarche participative n’est pas un leurre. Elle renforce la dimension de projet et lui donne une force collective très intéressante et fédératrice.
Cette liberté de pensée, ces espaces d’autonomie que nous créons à chaque fois qu’un nouveau projet d’accueil ou d’accompagnement est en préparation ou que le projet d’établissement est amendé, nécessite que chaque salarié des Matins Bleus ait une lecture fine et juste des valeurs associatives et de l’éthique professionnelle prônées par l’établissement.
Il s’agit donc également d’entretenir des échanges permanents autour de ces points centraux avec tous les salariés des Matins Bleus. La finalité dans tout travail de réflexion sera toujours directement ou indirectement une meilleure prise en compte des besoins d’accompagnement de l’enfant et de sa famille.
Pour ce faire, nous pensons que les salariés des Matins Bleus doivent pouvoir avoir la garantie que la priorité de l’équipe dirigeante est de leur proposer des conditions optimales d’exercice de leur travail.
A ce titre, les instances de représentation du personnel (délégués du personnel, délégués syndicaux, comité d’entreprise) concourent à l’équilibre institutionnel par une vigilance permanente, permettant d’interroger également la question du pouvoir, de la responsabilité partagée et des délégations dans notre organisation.

LA DIMENSION DU SOIN

Le terme “soigner” renvoie à des sens différents : traiter médicalement, veiller au bon état de quelque chose ou de quelqu’un, prendre soin de. C’est cette dernière notion que les Matins Bleus tendent à développer dans leurs différents services.
En effet, les enfants et adolescents confiés aux Matins Bleus ne sont pas considérés comme malades. Ils ont été orientés par des professionnels dans le cadre d’une mesure de protection, vers une structure collective, une famille d’accueil ou maintenus chez leurs parents, accompagnés par une mesure éducative.
Quel que soit le lieu de vie des enfants, les professionnels s’attachent à prendre soin d’eux (notion de caregiving) à plusieurs niveaux :
Cadre de vie quotidienne
Ils veillent à ce que le cadre de vie réponde aux besoins des enfants, en fonction de leur âge, et ce, dans de bonnes conditions d’hygiène, d’alimentation, de confort et de prise en compte de leurs souffrances.
L’accueil doit permettre à chacun de retrouver une sécurité de base, un socle sur lequel s’appuyer pour être dans le monde, partager avec les autres et être “un” parmi d’autres.
Les collectifs, tout particulièrement, doivent rester des lieux de vie paisibles, espaces sécurisants et protecteurs pour que les jeunes puissent se ressourcer. Les équipes sont attentives à la richesse des détails du quotidien vécu par les enfants, et aux moments fortuits au cours desquels ils s’expriment.
Soin apporté à la compréhension de leurs troubles et construction d’un cadre contenant
Les jeunes accueillis aux Matins Bleus, bien que n’étant pas dans la pathologie, manifestent des troubles du comportement, des symptômes. Ces manifestations sont à considérer comme des signes, non pas à éradiquer mais plutôt à tolérer. Ces symptômes sont à prendre en compte car ils peuvent être ″pour le jeune une défense, une construction, une solution nécessaire à un moment donné pour affronter et traverser leur conflit et non leur trauma″.
Les jeunes confiés aux Matins Bleus répètent leur problématique, les déposent au niveau du groupe, de l’éducateur, de la famille d’accueil. Les professionnels des Matins Bleus remarquent ces différents signes et travaillent en équipe pluridisciplinaire à “redimensionner” la problématique de ces jeunes.
L’échange, la réflexion, la concertation amènent à réajuster les positionnements des professionnels, pour maintenir un cadre contenant autour des jeunes accueillis. En effet, nous veillons à ce que les actes éducatifs puissent participer à la construction de limites, de repères et produire leurs effets d’apaisement en tant qu’actes porteurs de sens ; sens construit collectivement à partir des échanges en équipe.
La crise ou l’urgence peut réinterroger les modalités habituelles de la prise en charge mais ne doit pas “sidérer” la pensée et empêcher le travail réflexif.
S’il s’avère nécessaire de réorienter un jeune en interne aux Matins Bleus, il est indispensable de se questionner en équipe : accueillir un jeune dans un nouveau groupe ? Sur quel groupe et en fonction de quelle dynamique ? En quoi l’équilibre du collectif va-t-il être modifié ? Comment accompagner ces mouvements en collectif ? Comment prendre en charge un collectif sans porter préjudice à l’individu ?
L’orientation dans un collectif ne convient pas toujours et peut avoir des effets morcelants de par le nombre important d’intervenants. En quoi le groupe peut-il être soutenant pour l’individu ?
Soin apporté au travail avec les familles
Comme cela sera développé dans le paragraphe sur la famille, les Matins Bleus se soucient d’articuler deux positions complémentaires et parfois paradoxales :
- l’une centrée sur le respect des prérogatives des parents
- et l’autre répondant à la mission de protection de l’enfant.
L’institution veille à construire un cadre souple pour coopérer avec chaque famille en fonction de ses particularités et dans l’intérêt de l’enfant.
Prendre soin des équipes au sein de l’institution
Dans leur pratique quotidienne, les équipes ont à accueillir de la part des jeunes ou des familles, des vécus non élaborés, non symbolisés, sous forme de mises en actes variées parfois très éprouvantes pour les professionnels.
L’institution prend en compte ces phénomènes en mettant à disposition plusieurs espaces (réunions d’équipe, réunions clinique, groupe de veille sur les phénomènes de violence, analyse de la pratique) où peut s’élaborer une pensée à partir de la mise en mots des vécus bruts déposés par les professionnels, et des éprouvés violents qu’ils peuvent vivre, puis de leur transformation.
Prise en charge médicale des problèmes de santé des enfants et jeunes accueillis
Le droit à la santé est une dimension fondamentale, inscrite dans la convention internationale des droits des enfants (article 24).
La question de la santé à l’articulation des problématiques psychologiques et des affections concernant le corps, se traite également avec des partenaires extérieurs aux Matins Bleus : P.M.I pour les jeunes enfants, médecins libéraux généralistes ou spécialistes, hôpitaux, orthophonistes privés, ou dispositifs de soins comme le C.M.P ou le C.M.P.P, ou parfois psychothérapeutes en libéral.
L’idée de soin nécessite d’accepter de se confronter à de l’inattendu, de se laisser surprendre, de s’extraire d’un cadre pré-établi, de considérer la singularité de chaque situation pour être ouvert à un accompagnement adéquat pour les enfants et pour leurs familles.

LA NOTION D’ACCOMPAGNEMENT

ACCOMPAGNEMENT : PRINCIPES GENERAUX

Aux Matins Bleus nous préférons le vocable “accompagnement ” à celui de “prise en charge” plus statique et restrictif, donc moins qualifié pour rendre compte du mouvement, de la dynamique, et de la nécessaire créativité de notre travail.
En constante évolution, notre établissement a étendu son champ d’action, et la création de nouveaux dispositifs (S.E.F, S.A.F) nous conduit à réinterroger notre action devenue complexe sans cesse en création, entre recherche et action, nous ouvrant à d’autres dimensions.
En étendant notre activité hors du collectif et de l’hébergement en effet, nous mesurons la complexification de notre tâche et l’humilité avec laquelle nous nous devons de l’aborder, confirmant davantage notre volonté d’être avant tout des tiers, des supports, des relais et de libérer les parents des enfants que nous accueillons du poids de la substitution.
Il nous importe aux Matins Bleus de laisser aux parents la possibilité de développer leurs compétences propres, voire de nous surprendre à évoluer selon des chemins que nous n’aurions pas nous-même envisagés pour eux.
Dans ce contexte, la notion de “projet pour” nous parait moins appropriée que celle de Projet Individuel d’Accompagnement. Nous préférons plutôt parler d’axes de travail, d’orientations suffisamment larges pour ne pas être enfermantes, et laisser une place à l’initiative des enfants et de leurs familles.
Pour autant, nous ne négligeons pas le paradoxe de leur situation : la rencontre de la famille avec l’institution fait suite dans la plupart des cas, à une mesure contrainte, imposée par le magistrat, et qui pointe une sérieuse difficulté du milieu naturel pouvant entraîner une incompréhension massive de sa part, voire une blessure.
Les parents se voient imposer le placement (qu’il soit sous la forme d’une séparation ou d’un accompagnement en famille) tout en leur proposant de s’y associer : l’enjeu est de taille, comment amener les parents à accepter l’aide, en reconnaître la nécessité et ne surtout pas déserter la vie de leur enfant ?
Notre intentionnalité à l’égard de la famille est déterminante, et la clarté de notre dialogue primordiale pour apaiser la défiance des parents. Au vu de notre mission, il ne pourra jamais s’agir de négocier l’intérêt de l’enfant ni même sa sécurité ; c’est sur les modalités de l’accompagnement que s’orientera le dialogue avec la famille et nous tenterons d’approcher ce que celle-ci est prête à accepter et qui reste primordial pour le jeune.
Nous affirmons que c’est le développement de la confiance qui assurera la voie à un travail d’accompagnement porteur, que l’intention sincère, le respect, l’existence d’un intérêt commun autour de l’enfant favorisent l’acceptation des rôles et permet aux parents de rester des acteurs engagés, même dans la difficulté.
Cela dit, nous ne pouvons passer sous silence le nombre conséquent de jeunes qui, pour quelques raisons que ce soit (décès des parents, abandon, ruptures anciennes, ou présence discontinue et /ou toxique des parents) ne bénéficie d’aucun étayage familial.
Pour ceux-là, l’institution se constitue en suppléance offrant la garantie de permanence et de sécurité indispensable à la construction d’un sentiment de confiance qui leur permettra de tisser du lien social.
En d’autres termes, pour certains l’institution peut être l’enveloppe qui les contient, l’espace à partir duquel se réorganisent les interrelations avec le monde de façon acceptable, et qui permet la création d’un sentiment d’appartenance et d’une affiliation.
La situation des jeunes majeurs dont le parcours est jalonné de carences affectives et/ou de traumatismes, nous contraint à faire un détour par une reconstruction personnelle visant leur réassurance et leur épanouissement et parfois nous en satisfaire. L’expérience en effet, montre que la réalisation professionnelle et l’insertion sociale pour lesquelles nous sommes missionnés au départ, ne peuvent se mettre en oeuvre qu’après une période d’échanges constructifs avec les éducateurs et les cadres institutionnels et n’être effective qu’à la sortie du jeune de l’établissement.
L’insertion sociale serait donc la conclusion du travail d’accompagnement sans se réduire à cette visée unique et ultime.

LA PLACE DE LA FAMILLE

Dans le respect des lois, la famille est fortement sollicitée pour prendre une part active dans l’étayage que représente le placement, pour elle-même et pour son enfant.
Dans le meilleur des cas, elle utilise les forces mises en oeuvre pour s’approprier, à son rythme, et intégrer dans son projet de vie, les expériences partagées qui la conduisent à acquérir et consolider son propre savoir-faire et s’acheminer vers l’autonomie.
Dans d’autres cas, le positionnement de la famille vis-à-vis du placement, ne permet pas d’envisager son implication active et favorable à la mise en oeuvre d’un projet de transformation, voire elle s’attache à déconstruire les liens que son enfant tente de tisser avec son environnement d’accueil pour recouvrer sa sécurité.
Alors il y a lieu d’accompagner l’enfant sur le chemin de sa réalité familiale et des éventuelles désillusions nécessaires afin qu’il ouvre sa propre voie.
Selon nos observations, on pourrait convenir que plus une structure familiale semble fragile et plus l’enfant met de l’énergie à la protéger. Il le fait par loyauté, dans une obscure volonté de solidarité et d’aide envers elle, mais c’est au détriment de la construction de sa propre personnalité et de son avenir. De ce fait, il est objet de la problématique familiale.
A contrario, et selon ces mêmes observations, d’autres enfants sont dans un rejet total de leur famille ou plutôt souvent à l’un de ses membres pour mieux coller à l’autre. De ce fait, il est pareillement objet de la problématique familiale …
Notre axe de travail est d’aider l’enfant/adolescent à se séparer de cette position objeifiante qui annihile ses propres potentialités. Nous voulons le guider, par une posture proposée tout au long de son séjour aux Matins Bleus et quelle que soit la structure qui l’accueille, à ce qu’il redevienne sujet de son histoire, en capacité d’exercer sereinement son esprit critique et sa liberté de penser.
Ainsi, d’une façon ou d’une autre, nous nous attachons à ce que le débat autour de la famille soit au coeur du projet de l’enfant. Il doit en effet intérioriser la réalité de sa situation familiale pour se l’approprier, la penser, voire éventuellement la transformer ou s’en détacher, plutôt que de rester dans une objéification désastreuse ou une idéalisation si peu constructive.
Notre volonté à priori de toujours maintenir la famille dans son rôle et de faire une alliance suffisante avec elle, se trouve parfois contrariée par les positionnements totalement inadaptés de celle-ci. Mais peu importe, puisque la posture adoptée par les Matins Bleus restera centrée, validant sa cohérence dans la durée, sur le lien de l’enfant avec sa propre histoire.

LES OUTILS D’ACCOMPAGNEMENT

Conformément aux dispositions législatives et règlementaires en vigueur, les enfants sont assurés d’un accompagnement individualisé de qualité, adapté à leur âge et à leurs besoins, respectant leur consentement éclairé et leur participation ainsi que celle de leur famille, aux orientations et décisions les concernant.
Le bon fonctionnement et le déroulement de ce processus nécessite la mise en oeuvre préalable d’un processus d’accueil / admission, qui ouvre la voie d’un dialogue régulier avec l’enfant et sa famille. Les outils d’accompagnement sont autant de balises qui inscrivent la rencontre de l’usager avec l’établissement, dans une temporalité essentielle à la construction d’une dynamique du placement et d’axes de travail clairement identifiables.
- Le livret d’accueil
Il est remis à la famille à l’issue de la première rencontre. Les enfants et leur famille y trouvent une information détaillée, précise et lisible sur les compétences que l’établissement est en mesure d’offrir, mais aussi sa structuration, son organisation, les noms et coordonnées des personnels de direction, des psychologues et des sites d’accueil.
Des questions très pratiques sont anticipées pour permettre aux usagers de comprendre et de repérer les règles qui constituent les limites du cadre institutionnel, mais aussi les attentes, en terme de positionnement, que leur confèrent leurs droits.
- Le Document Individuel de Prise en Charge (D.I.P.C)
Il est établi dès l’accueil du jeune dans l’établissement. C’est un document unilatéral qui fixe les modalités générales de la prise en charge du jeune, ainsi que les engagements de l’établissement et ses prestations pour garantir les actions entreprises. Présenté à la famille pour information, ce document fait l’objet d’une explicitation qui vise à l’engager dans l’expérience de la coopération et de la réflexion, indispensable à soutenir le projet Individuel d’accompagnement futur.
La durée du D.I.P.C est fixée par l’échéance du placement qu’il soit administratif ou judiciaire. Il est renouvelé à chaque prolongation du placement.
- Le Projet Individuel d’Accueil (P.I.A)
Il est établi dans les six premiers mois de l’accueil pour chaque jeune. Ce document figurant au dossier est élaboré par l’équipe pluridisciplinaire en réunion, à partir de l’observation continue du jeune dans ses divers environnements et du travail de pensée réalisé par l’équipe pluri professionnelle. Il précise les besoins du jeune qui concernent son être, son développement psycho affectif, ses relations familiales, son insertion sociale, son autonomie, son projet scolaire et/ou professionnel, sa santé et les moyens mis en oeuvre pour y parvenir ; ainsi des axes de travail sont tracés.
Ce projet fait l’objet d’une rencontre (rendez-vous par courrier, dans le mois suivant son élaboration) avec le jeune concerné, quel que soit son âge. Cette rencontre vise à recueillir l’avis, les remarques, les commentaires du jeune quant à la façon dont les professionnels envisagent l’accompagnement.
Les accordages qui s’opèrent à partir de ce qu’expose le jeune sur sa propre façon d’envisager son aide et l’action qui doit en découler sont la garantie d’une meilleure efficacité de l’accompagnement.
La date et la signature du jeune et des professionnels sont apposées sur ce document à l’issue de la rencontre.
La validité de ce document est d’une année, il est donc réactualisé tout au long du placement.
- Le contrat d’accompagnement
Dans le cadre d’un placement à domicile, le contrat d’accompagnement est signé avec la famille dans les trois mois qui suivent le début de l’exercice de la mesure. Ce contrat reformule les motifs du placement, sa durée, ses conditions de résiliation, le traitement des désaccords éventuels, ses objectifs en terme de prestations, son organisation et l’éventuel repli du jeune.
Il est renouvelé à chaque échéance (judiciaire ou administrative).
- Les rencontres avec la famille
Les rencontres avec la famille du jeune sont régulières. La famille est invitée par courrier deux fois par an a minima, pour faire le point sur le projet de l’enfant et ses avancées.
En dehors de ces rencontres, la famille peut saisir le Directeur de l’établissement ou le Directeur Adjoint à tout moment, en cas de préoccupation ponctuelle ou de litige.
De son côté, l’établissement reçoit la famille à l’occasion de chaque évènement survenu dans la vie de l’enfant qui nécessite d’être partagé, voire repris et/ou signalé aux autorités compétentes.
- Les réunions de coordination de l’équipe
Au rythme de trois heures hebdomadaires, les réunions de coordination de l’équipe (éducateurs et/ou assistants familiaux, psychologue, Directeur adjoint) sont les indispensables instances de partage d’information, d’évènements, de ressentis, de questionnements et d’hypothèses, qui a la faveur des expériences et des approches de chacun des professionnels, permettent d’alimenter le projet individuel de nouveaux axes de travail et de garantir la temporalité du plan d’action éducative.
- Les réunions inter secteur fratries
Elles sont organisées deux fois par an, au bénéfice des jeunes issus d’une même fratrie, qui en raison de leur âge ou autre indication, seraient accueillis sur des secteurs différents de l’institution. Une réflexion commune des intervenants, éducateurs référents, psychologues, Directeurs adjoints permet une harmonisation de l’action éducative.
- Les réunions thématiques
Des réunions thématiques ouvertes à tous les salariés et non obligatoires, sont organisées une fois par trimestre pour nourrir la pensée institutionnelle, et garantir que les préoccupations institutionnelles issues des évolutions sociétales sont appréhendées par les professionnels dans le cadre strict des valeurs de l’association (exemples : groupe de veille sur les phénomènes de violence, travail éducatif en mutation).
- Les réunions d’analyse de la pratique éducative
Toutes les cinq semaines, la venue d’un psychologue extérieur à l’établissement permet aux éducateurs et aux assistants familiaux, la mise en travail du champ émotionnel activé en eux, par les situations des jeunes qu’ils accompagnent.
En externe
- Les réunions de synthèse
A l’initiative des Responsables des Maisons de la Solidarité (M.D.S) les professionnels de l’établissement (éducateur référent, Directeur adjoint) y sont invités.
Véritable lieu de croisement des regards, ce sont des temps de partage d’information, de réflexion et de débat avec les partenaires Enfance /Famille, visant à affiner les options du projet qui sera in fine présenté à l’inspecteur de l’Aide Sociale à l’Enfance pour être légitimé et validé en Commission d’Admission et de Révision des Situations (C.A.R.S).
- Le Projet Pour l’Enfant (P.P.E)
Il fait suite à la C.A.R.S. Il est organisé par les professionnel référents de la situation dans le cadre de la M.D.S, avec les représentants des principaux acteurs participants à la protection effective de l’enfant et les titulaires de l’autorité parentale. Le contenu de ce document est porté à la connaissance de l’enfant qui est invité à la rencontre. Ce document de contractualisation de la famille avec les services, est adossé à tous les autres documents.

LES PROFESSIONNELS DANS L’INSTITUTION

L’EQUIPE DE DIRECTION

Le fonctionnement en équipe de direction est un axe essentiel de notre dispositif institutionnel.
Elle permet à tous d’identifier symboliquement un espace de direction qui exerce plusieurs niveaux de responsabilités :
- conseil au directeur avec recherche de décisions collégiales si possible
- pôle d’orientation stratégique de l’établissement
- mise en réflexion collective de l’équipe pour tous les sujets concernant la vie institutionnelle
- exercice de délégations formelles de responsabilité des directeurs adjoints
L’équipe de direction concrétise la mise en place d’un management participatif et assure aux directeurs adjoints, les conditions de leur légitimité et de leur reconnaissance.
Si l’équipe de direction est l’espace privilégié de direction, elle n’enlève en aucune façon la capacité de décider au directeur.
Elle tente cependant par son action réflexive d’éviter les décisions arbitraires.
C’est un lieu de réflexion, d’examen des priorités, d’analyse des fonctionnements institutionnels, d’élaboration stratégique et d’anticipation.
Elle permet le maintien de l’unité institutionnelle, alors que notre structure présente une organisation volontairement éclatée en petites unités et services sur différents sites et lieux géographiques.

LES PSYCHOLOGUES

Au nombre de trois au sein de la M.E.C.S des Matins Bleus, les psychologues travaillent en liaison avec les équipes éducatives et le directeur-adjoint du secteur où ils exercent.
En ce qui concerne l’exercice et l’éthique professionnels, ils se réfèrent au code de déontologie des psychologues. Par leur position, ils contribuent à l’analyse des situations permettant et facilitant un accompagnement éducatif adapté.
Le travail du psychologue s’oriente selon trois axes d’intervention :
- auprès des équipes éducatives
- auprès des enfants et des adolescents
- auprès des familles
Auprès des équipes
Les échanges du psychologue et de l’équipe s’effectuent autour des problèmes rencontrés par les enfants et les adolescents durant les réunions d’équipes, mais aussi de façon informelle.
Le travail psychologique se fonde sur la circulation de la parole. Il considère ce qui fait “symptôme” c’est-à-dire ce qui échappe à toute maîtrise. C’est dans cet espace-là que le psychologue propose un étayage, un éclairage, un soutien et peut ainsi permettre l’émergence d’un sens à travers les échanges et l’engagement de chacun.
L’aide proposée à l’équipe éducative est une démarche dans une éthique de travail. Elle permet de réfléchir sur sa pratique, de faire retour sur ses actes, et de les questionner.
Auprès des enfants et des adolescents
Le psychologue prend soin de considérer chaque situation particulière et de réaliser avec ceux ou celles qui s’ouvrent au dialogue et s’y arriment, la possibilité d’une rencontre et d’un soutien.
Il s’attache à entendre ce dont le sujet, enfant ou adolescent, témoigne dans une dynamique personnelle et familiale pour y trouver des réponses tout en préservant l’accompagnement éducatif souple et accueillant.
Auprès des familles
Les interventions sont ponctuelles et s’effectuent soit à la demande des parents, des enfants, soit à la demande du psychologue. Elles concernent le lien parents/enfants.
L’accueil, l’écoute, l’éclairage du psychologue visent à un apaisement, un soutien momentané dans la traversée de ce qui peut être difficile voire insupportable à un moment donné pour l’enfant et/ou sa famille.
A ce titre, le psychologue a le souci de la place de chacun. En cela, il prend soin de préserver et de maintenir la position tierce de l’institution, garante de la dimension symbolique de la loi en ce qu’elle limite et préserve à la fois le sujet.
Dans son ensemble, le travail du psychologue se conçoit comme un acte d’ouverture. Il veille à ce que puissent se poser des actes sans rigidité, à ce que puissent s’affirmer des valeurs sans référence dogmatique, et sans récuser d’autres formes d’approche.
Pour le psychologue, c’est la dimension relationnelle qui décide du “comment faire”. Elle demande que l’on se “déplace” et que l’on se “dérange”. Elle opère sur du non décidable, implique le souci de la transversalité et du décloisonnement des pratiques.
En ce sens, le psychologue participe à une institution en mouvement.

LES EDUCATEURS

Aux Matins Bleus, tous les éducateurs sont diplômés, éducateurs spécialisés, moniteurs éducateurs ou éducateurs de jeunes enfants. Ces formations sont indispensables à l’exercice de leurs fonctions.
Ces professionnels sont en contact direct au quotidien avec les enfants, adolescents et jeunes majeurs en souffrance que nous accueillons dans nos structures.
Ils doivent leur permettre de vivre leur séjour aux Matins Bleus dans les meilleures conditions possibles, en leur garantissant, malgré les difficultés rencontrées, une place parmi nous.
Ce travail d’accompagnement, de relation, est exigeant et particulièrement complexe. Il demande, au-delà du professionnalisme : du dynamisme, de la volonté et de l’engagement.
Il est indispensable que chaque éducateur soit porteur du projet d’établissement, des valeurs et de l’éthique qui guident nos pratiques aux Matins Bleus.
C’est la base de leur liberté d’action.
A l’intérieur du cadre incontournable posé par l’établissement, il est laissé à chaque éducateur et à chaque équipe éducative, une grande autonomie d’action dans son travail.
Les éducateurs ont à construire une relation éducative avec chaque enfant accueilli faite de confiance, d’’exigence, mais aussi de plaisir partagé.
Au-delà des problématiques propres à chaque enfant souvent complexes et très diversifiées, il est fondamental que l’éducateur propose à certains moments, la simplicité du ″vivre ensemble″.
A la croisée de la pensée des affects et de l’action, l’éducateur opère un aller-retour permanent entre sa réflexion sur les situations familiales des jeunes, leurs comportements parfois inadaptés signes de leur souffrance et le nécessaire partage de moments de vie faits de simplicité.
Ce mouvement demeure la difficulté première de ce travail exigeant.
L’enfant traumatisé, en souffrance, révolté, malade, reste un enfant avec des besoins d’enfant. La complexité des situations vécues ne doit pas faire oublier aux éducateurs cette réalité, cette évidence.
Le professionnel est important, mais l’humain qui se loge en chacun d’entre eux l’est tout autant. Derrière la technique du professionnel oeuvre une indispensable dimension humaine qui permet l’attachement.
L’enfant, pour s’épanouir, pour apprendre, pour se sentir protégé a besoin d’adultes responsables en face de lui, stables, cohérents, justes, disponibles et engagés.
La relation éducateurs-enfants n’est pas qu’une relation professionnelle, elle est également affective, humaine. Pour se construire, parfois loin de sa famille les enfants ont besoin d’autres références adultes.
L’éducateur doit être cet adulte et avoir cette exigence envers lui-même.
De ce fait, chaque éducateur a à construire son cadre d’intervention, celui dans lequel il se sentira en pleine capacité d’exprimer son humanité.
Cette proposition de travail, à la fois basée sur le professionnalisme lié à un parcours de formation obligatoire, une capacité à questionner en permanence le sens de leurs actions doublé d’une posture d’adulte stable, repérante, bienveillante et singulière est l’option proposée aux éducateurs des Matins Bleus.
Pour prendre en compte ces données et éviter toutes dérives, les éducateurs sont accompagnés, soutenus par les psychologues de l’institution et l’équipe de direction.
Ils s’inscrivent également dans une démarche d’analyse des pratiques éducatives qui vient questionner la nature de leurs ressentis face aux relations établies avec les enfants, adolescents et jeunes majeurs.

LES ASSISTANTS FAMILIAUX

Intégrés à part entière dans le dispositif général des Matins Bleus, ce qui au passage est parfaitement efficace pour faire disparaitre les représentations réciproques les plus erronées,
les assistants familiaux témoignent d’une spécificité extraordinairement particulière ; celle d’accueillir au sein de leur famille et dans leur habitation, des enfants placés et donc séparés de leur propre famille.
Ainsi résumé, on suppose déjà la quantité de mouvements psychiques pouvant dès lors se mettre en oeuvre, et pouvant proposer, dans beaucoup de cas, un cadre éducatif “sur mesure”, aux effets thérapeutiques indéniables.
L’accueil familial, et sa grande complexité, ne sauraient être décrits ici. Néanmoins, on peut affirmer que les assistants familiaux se mettent en position d’être investis comme des objets d’attachement possible et incarnent des images parentales symboliques, pouvant pallier et réparer, avec le temps nécessaire, celles souvent absentes, parcellaires ou défaillantes qu’ont intégré – et dont souffrent, les enfants qui leur sont confiés.
Les assistants familiaux du S.A.F des Matins Bleus, dont le recrutement ne s’opère principalement que sur la base de leur adhésion au projet du service, ont une pratique quotidienne libre, à condition, d’une part, qu’elle soit en conformité avec les valeurs et l’esprit du projet pédagogique des Matins Bleus, et d’autre part, à condition qu’elle puisse être décrite sincèrement et régulièrement au dispositif mis en oeuvre pour recueillir tout ce vécu et son lot d’émotions (l’émotion étant, comme nous le rappelle A. Jacquard :“l’émotion est le moteur nécessaire pour comprendre”).
Ce matériau précieux proposé à l’équipe pluridisciplinaire du dispositif servira de base à notre compréhension collective de la problématique de l’enfant et influencera les attitudes éducatives, dont l’assistant familial pourra se saisir pour modifier celles que son bon sens ou son expérience à priori lui aurait dictées.
Le professionnalisme des assistants familiaux doit s’ancrer dans cet équilibre entre leur grande proximité auprès de l’enfant et le nécessaire accompagnement de cette proximité.
Enfin, pour rester dans cette essentielle fonction d’accueil et, aux yeux de l’enfant, ne pouvoir être associés aux décisions de justice prises à son égard, les assistants familiaux ne participent pas aux audiences prévues chez les juges des enfants.

LES MAITRESSES DE MAISON

Nous proposons une maîtresse de maison par unité de vie.
Elles interviennent en moyenne, sur un mi-temps. Leurs tâches diffèrent légèrement en fonction de la structure sur laquelle elles travaillent et de l’âge des enfants ou adolescents accueillis.
Elles prennent en charge l’entretien du linge des enfants, des locaux, de la préparation (réchauffage) et la présentation des repas. Elles partagent le plus souvent le repas du midi avec les enfants.
Ce sont des personnes qui interviennent tous les jours sur leur structure de façon régulière. Cette présence quotidienne est un élément important, confortant le cadre et les repères proposés aux enfants.
Elles ont le souci de l’enfant, mais d’une autre place et dans une autre fonction que celle de l’éducateur. Cependant leur rôle éducatif est indéniable et doit être reconnu.

LES SURVEILLANTS DE NUIT
″La nuit c’est le temps de l’éloignement de la conscience, le temps du sommeil et du rêve : un imaginaire de plaisirs et de peurs, qui côtoie parfois le domaine de l’étrange″.
Nous avons souhaité nous engager depuis de nombreuses années dans une démarche de réflexion autour de la problématique du travail d’accompagnement éducatif des enfants qui nous sont confiés, la nuit.
Chacun sait que la nuit est propice aux manifestations d’angoisse chez les enfants et adolescents en souffrance que nous accueillons.
Il est fondamental que des professionnels compétents et formés, repérés par l’enfant, puissent intervenir lorsque cela est nécessaire, pour le rassurer et l’accompagner afin qu’il s’apaise.
Il est aussi important que ces signes, ces éléments significatifs d’un mal-être puissent être perçus et retravaillés avec l’ensemble de l’équipe éducative.
Par conséquent, il nous semble important de proposer aux surveillants de nuit, une formation leur permettant d’effectuer le travail d’accompagnement complexe et engageant que nous leur demandons.
La nuit, les enfants n’ont pas simplement besoin d’être surveillés, ils ont besoin d’être accompagnés, rassurés, protégés, compris.
Pour toutes ces raisons, nous avons voulu créer une vraie identité professionnelle du surveillant de nuit aux Matins Bleus.
C’est un corps de métier à part entière, repéré par tous et reconnu comme un maillon essentiel de l’accompagnement des enfants qui nous sont confiés.
Un travail de fond sur le sens de leur action et de leur intervention est mené depuis maintenant quinze ans par l’ensemble de l’équipe des surveillants de nuit des Matins Bleus.
Ils se réunissent toutes les huit semaines pour nourrir collectivement cette réflexion, en présence de l’équipe de Direction et d’un psychologue.
Nous avons réussi à mieux cerner les contours de cette profession et cela a conduit ces acteurs à être plus fortement impliqués dans leur travail et dans la vie institutionnelle.
Le passage d’informations sur les observations de la nuit est quotidien avec les éducateurs, un cahier est également mis à leur disposition à cet effet.
De plus, ils participent une fois tous les mois à une réunion d’équipe avec l’ensemble des éducateurs du collectif, le psychologue et le Directeur adjoint.
Chaque surveillant de nuit intervient sur un collectif qui ne dépasse jamais huit enfants ou adolescents. Intervenant toujours sur le même site, ils sont bien connus de chacun des enfants du collectif, qui se sentent rassurés par leur présence tout au long de la nuit.

LES PERSONNELS ADMINISTRATIFS
La secrétaire assure l’accueil physique des personnes, l’accueil téléphonique, la gestion du courrier, les travaux de bureautique, le suivi des dossiers administratifs des enfants.
Elle apporte un appui organisationnel, gestionnaire et relationnel aux équipes éducatives et à la Direction. Elle est chargée d’apporter son assistance à l’activité quotidienne de l’établissement. Par le biais de sa participation aux réunions de réflexion et d’informations, par la rédaction de comptes rendus qui suivent, elle a un rôle actif dans la fonction de mémoire de l’institution.
Les secrétaires sont des professionnelles indispensables au bon fonctionnement de notre activité.
Elles sont des collaboratrices indispensables aux Directeurs adjoints, sur chacun des secteurs, et sont en lien permanent avec eux.
Au-delà de la compétence technique, elles ont une connaissance des situations de chaque enfant leur permettant de répondre aux appels extérieurs (parents, services sociaux) avec justesse et mesure.
Ce sont elles qui accueillent également les personnes de l’extérieur venant dans notre structure. Cette dimension de l’accueil est très importante pour la perception que l’on peut avoir de notre établissement.
Elles participent aux différentes réunions d’équipes afin de pouvoir prendre des notes et être informées des problématiques de chaque enfant et de leur évolution.

LES PERSONNELS TECHNIQUES
L’homme d’entretien assure une fonction polyvalente d’entretien des locaux, des bâtiments, et des espaces verts extérieurs selon les sites, de travaux de réparation et d’emménagement.
Il est attentif aux dispositifs de sécurité et est référent de la sécurité dans l’établissement.
A ce titre, il participe aux réunions relatives à la sécurité des locaux mises en place régulièrement dans l’institution, veille à la conformité et au respect des règles de sécurité (installations électriques, dispositifs incendie, sécurité des véhicules de transports)
Il participe aux différentes réunions institutionnelles. Il peut accompagner un jeune sur un projet précis dans le cadre d’un projet individuel.
Deux hommes d’entretien nous permettent grâce à leur technicité et leur engagement de maintenir nos locaux, nos espaces extérieurs et nos véhicules dans un bon état tout au long de l’année.
Il est fondamental dans des locaux souvent mis à mal par les crises de certains de nos pensionnaires, d’être immédiatement disponible pour remettre en état ce qui a été détruit ou endommagé.
Ils contribuent grandement à installer dans la continuité, malgré les difficultés de l’accompagnement éducatif de certains enfants, adolescents, un cadre de vie agréable, sécurisant et conforme à nos engagements concernant la qualité de l’hébergement.

LES STAGIAIRES D’ECOLE

La M.E.C.S “Les Matins Bleus” a fait le choix de s’ouvrir à la formation en travail social. Site qualifiant (cf décret 204), elle travaille en partenariat avec différents centres de formation (I.R.T.S et I.M.F de Marseille, I.M.F d’Avignon, I.F.M de Nîmes), et accueille depuis plusieurs années des stagiaires principalement moniteurs, éducateurs spécialisés, C.A.F.E.RU.I.S.
Depuis les années 2000, les Matins Bleus ont élargi leur modalité d’accueil en intégrant dans leurs équipes éducatives des éducateurs en formation par la voie de l’apprentissage.
Inscrits dans un processus de formation, les Matins Bleus ont une fonction de tutorat et favorisent des interactions pédagogiques. Garant du cursus de formation du stagiaire et de l’apprenti, ces derniers bénéficient d’un accompagnement par un professionnel en poste.
Les Matins Bleus ont pensé un dispositif d’accueil, d’accompagnement et d’évaluation pour les personnes en formation professionnelle dans l’établissement (élaboration d’un dispositif de formation pour l’accueil des apprentis adaptable à l’accueil des stagiaires).

CONCLUSION : ADAPTATION PERMANENTE

Lorsque l'on travaille dans une maison d'enfants à caractère social, nous avons un devoir d'exigence, de vigilance par rapport au travail proposé dans la structure, pour ne pas se satisfaire de l'acquis. Nous accueillons des enfants en souffrance, à nous de trouver les moyens leur permettant de se construire, dans le calme et la sécurité. Or, les organisations de notre secteur sont en perpétuel mouvement. Il s'agit donc d'anticiper sur ces modifications inévitables, pour s'adapter à elles en préservant nos valeurs. C'est cette option que nous développons.
"L'adaptation permanente des moyens aux évolutions de l'environnement, place le changement au coeur de la vie d'une organisation. Transformation et ruptures mettent constamment à l'épreuve nos pratiques quotidiennes, notre conception de l'organisation et jusqu'à notre perception du secteur social et médico-social.
Les étapes du changement d'une organisation sont en bien des points comparables à celles de la vie humaine. ″L'art de diriger est également l'art de prévoir ces évolutions, et même d'en prévenir les conséquences." (Jean-Marie Miramon)
Que l'association et le Directeur aient la volonté de permettre l'adaptation permanente de leur organisation est classique. Pour notre part, nous nous proposons de l'intégrer comme une donnée fondamentale qui doit être travaillée à chaque instant, sans fragiliser la structure, mais au contraire pour la préparer à s'adapter aux modifications, sans crainte et dans un esprit constructif d'évolution.
L'adaptation doit être multi-champs pour être réussie. En effet, il serait vain d'adapter le projet d'accueil de la structure aux nouvelles politiques sociales, nationales et départementales, si l'organisation n'était plus adaptée à l'évolution des publics accueillis et si l'adaptation des salariés aux modifications à apporter dans l'exercice de leur travail, n'était pas accompagnée par une action formative complémentaire.
La prise en compte des usagers et de leurs droits, la gestion des ressources humaines, le travail avec les partenaires et l'administration de contrôle, les nouvelles orientations des politiques sociales, constituent des champs interdépendants. Cette conception de la gestion de notre structure, nous permet d'entretenir une dynamique positive d'amélioration de notre action. Elle nous pousse à anticiper et nous impose en conséquence un devoir d'information, d'évaluation et d'analyse permanent, dans les secteurs cités ci-dessus.

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